Des contextes politiques nationaux sensibles
La deuxième hypothèse explique les émeutes par le contexte politique national. C’est ce que dit, à la fin de l’année 1848, le maire de Saint-Étienne, Heurtier : « ces tristes événements ont eu lieu au mois d’avril dernier quand le sol retentissait encore de la chute d’un trône ; au milieu du bouleversement des hommes et des choses, des institutions et des lois ; quand une révolution, non seulement politique, mais sociale, avait changé tous les rapports, rompu tous les liens de respect, de soumission et d’obéissance à l’ordre légal depuis longtemps établi ». C’est également l’avis du commissaire spécial après l’émeute de janvier 1900 : « les gourdins qu’on a vus aux mains de tout jeunes gens étaient antisémites et nationalistes, et n’avaient rien de commun avec les passementiers ». Les passementiers auraient fait les frais d’un climat général où les garde-fous habituels de l’ordre ne jouaient plus leur rôle : la situation révolutionnaire en 1848 ; et en 1900 le climat de tensions entre les républicains et leurs adversaires, sur fond d’affaire Dreyfus et de violences des Ligues. On admettra que dans les deux cas, l’environnement était en effet porteur.