Sainté et le Tour, 1903-1942 : les premiers passages
1903-1904 : en passant par la capitale du Forez !
Trois Stéphanois prennent le départ du 2ème Tour de France : le champion Alfred Faure, rival de Maurice Garin, vainqueur de la 1ère édition en 1903, le père Paret, quinquagénaire à la santé vigoureuse (incroyable !) et Vassela.
C'est dans la 2ème étape Lyon-Marseille, le 10 juillet 1904, lors de l'ascension du col du Grand-Bois que se joue une tragi-comédie restée célèbre. Quelques " excités " supportant aveuglément le local Faure, assaillent le favori Garin qui reçoit force coups de matraque et ne doit son salut qu'à l'arrivée des organisateurs qui usent de leur revolver pour disperser les assaillants. Paradoxalement, le Stéphanois Faure qui ne semble pas tout à fait étranger à ces incidents est déclaré vainqueur de cette étape au détriment d'Hippolyte Aucouturier dans le classement général définitif du 2 décembre.
Maurice Garin, vainqueur final du Tour, sera déclassé et suspendu 2 ans suite à des irrégularités. Ses 3 suivants immédiats au classement général connaîtront la même infortune : c'est donc au 5ème, Henri Cornet qu'échoit la victoire. Une succession d'évènements fâcheux a entaché la course qui est menacée dans son existence. Effectivement, si l'on en croit son directeur Henri Desgrange qui écrit dans le quotidien l'Auto :
" Le Tour de France est terminé et sa 2nde édition aura, je le crois bien, été aussi la dernière. Il sera mort de son succès, des passions aveugles qu'il aura déchaînées, des injures et des sales soupçons qu'il nous aura valus des ignorants ou des méchants. Et pourtant, il nous avait semblé et il nous semble encore que nous avions édifié avec cette grande épreuve le monument le plus durable et le plus imposant du sport cycliste. Nous avions l'espoir, chaque année, avec elle, de faire, à travers la plus grande partie de la France, un peu de bien sportif. Les 1ers résultats de l'an passé étaient pour nous montrer que nous pensions juste et nous voici, à la fin du 2nd Tour de France, écoeurés, découragés, ayant vécu ces 3 semaines au milieu des pires calomnies et des pires injures ".
1942 : le Circuit de France pour oublier la guerre
J. Goddet se refuse à organiser, comme l'exigent les autorités allemandes, une épreuve calquée sur le Tour de France. Mais Jean Leuillot, son ancien compagnon de jeunesse du journal l'Auto, chef de la rubrique sportive de La France socialiste, profite des circonstances pour relever le défi. Il crée une course sur route par étapes appelée le "Circuit de France ".
Le lundi 28 septembre, 69 coureurs s'élancent pour un périple d'une semaine comprenant 1650 km, reliant Paris à Paris, via Le Mans, Poitiers, Limoges, Clermont-Ferrand, Saint-Etienne, Lyon et Dijon.
On relève quelques noms connus... ou qui vont le devenir. Ils courent pour des marques : Caput pour " Dilecta ", G. Lapebie, Louviot, Benoît Faure le régional et Brambilla pour " Mercier ", Neuville pour " Helyett ". " Alcyon ", " Genial Lucifer " et " France Sport " présentent également une équipe.
Le Circuit de France fait étape dans notre ville le jeudi 30 septembre 1942. L'étape partie de Clermont-Ferrand est longue de 213 km. Avec les Monts du Forez et son relief tourmenté, elle apparaît comme la plus difficile en l'absence des grands cols pyrénéens et alpins. Dans l'ascension du col du Béal, 3 hommes se détachent irrémédiablement : Neuville, le leader du classement général, Thiétard et Brambilla. Le malheureux Benoît Faure qui voulait frapper un grand coup n'est pas dans l'échappée, un bris de pédalier l'a contraint à l'abandon.
Au stade de l'Etivallière, terme de cette étape, Neuville devance ses compagnons d'échappée. Les prisonniers rapatriés invités par le Comité de la FFC sur présentation de leur titre de mise en congé de captivité ou de libération ont pu assister à l'arrivée.
Le lendemain, les coureurs se reposent à Saint-Etienne avant de gagner Lyon dans une demi-étape contre la montre le samedi 3 octobre.
Le dimanche 4 octobre, François Neuville remporte le " Circuit de France ", pâle ersatz du Tour de France marqué par l'absence de tous les grands champions de l'époque (Leducq, Magne, Archambaud). Thiétard et Caput complètent le podium.