Les Dalgabio

L'origine de cette famille vient du fait qu'elle s'est établie au bord (gabbio signifie bord ou bord de l'eau) de la rivière Sesia, sous le mont Rose, à Riva Valdobbia. Dans ces régions pauvres de la Callée de la Sesia où l'on exploite des carrières et fabrique du plâtre, de nombreux maçons ou travailleurs du bâtiment émigrent.

Pierre-Antoine Dalgabio,

stucateur et décorateur, part s'installer à Saint-Etienne en 1771 où il devient entrepreneur et architecte. En 1790, la ville le recrute comme voyer et architecte. Il dessine le futur quartier de l'hôtel de ville ainsi que le plan en damier qui créé la Grand'Rue. Il quitte son emploi en 1818.

Une contribution décisive à l'évolution de la ville

Avant la Révolution

Sur la carte de Cassini et le plan de 1767, Saint-Etienne ressemble à un papillon aux ailes déployées d'est en ouest. Deux routes traversent la ville : l'une de Lyon au Puy par Firminy (nord-est au sud-ouest), l'autre d'Annonay à Roanne.

En 1790-1793

Les biens de l'église sont confisqués. La municipalité récupère les couvents et les terres des dames de Sainte-Catherine. On va alors décider d'ouvrir une nouvelle route de Saint-Etienne à Roanne (le future Grand'Rue), de la place du pré de la Foire (place du Peuple) à La Terrasse, ceci faisant une ligne droite de 3300 m en démolissant l'ancien couvent de Sainte-Catherine.

La ville recrute l'architecte-voyer italien, de culture néo-classique, Pierre-Antoine Dalgabio, pour dessiner le nouveau plan de la ville : un plan en damier.

Le plan de 1801

Le tracé de la route nationale est un peu modifié par rapport à 1792. La municipalité crée un lotissement de 26 000 m2 : 36 parcelles avec façade sur la rue d'une hauteur d'au moins 20 mètres. Chaque parcelle mesure entre 550 et 840 mètres, ce qui permet d'avoir un grand terrain derrière l'immeuble. Ces terrains deviendront souvent des cours. Les terrains restés libres serviront à édifier l'hôtel de ville (1821), la Condition des Soies, le Palais de Justice (1832), et leurs jardins.
Pierre-Antoine Dalgabio crée ainsi une ville nouvelle.

Le choix du plan en damier (1824) ou l'orientation nord-sud

Du papillon orienté d'est en ouest, on passe à un plan géométrique orienté du nord au sud. Le tracé de la Grand'Rue suit une ligne droite entre la butte de Saint-Priest et Bellevue ; elle devient la colonne vertébrale de la ville, alors qu'avant, on avait de petites rues tortueuses.
Lorsqu'on arrive du Pilat par le col de la République, on est face à cette Grand'Rue qui nous permet de descendre sur 5, 7 km de l'altitude 560 (Bellevue) à l'altitude 480 (La Terrasse), en passant par la place de l'hôtel de ville (516 m. alt.)

Jean-Michel Dalgabio

rejoint son oncle, Pierre Antoine à Saint-Etienne en 1805. Il étudie l'architecture et les Beaux-Arts à Paris de 1810 à 1813, date à partir de laquelle il partage la charge de voyer avec son oncle. En 1817, il épouse Anne Grubis , fille de notable stéphanois. L'année suivante, il succède à son oncle comme architecte voyer de la ville de Saint-Etienne Il obtient la nationalité française en 1823. Il abandonne ses fonctions d'architecte voyer le 10 mars 1831 et part à Lyon. Il meurt à 64 ans (15 septembre 1788 - 31 octobre 1852)

Une oeuvre conséquente !

Il travaille en étroite liaison avec le maire Royet, nommé en 1819. On lui doit les plans : de l'hôtel de ville, du cimetière (le 1er de la ville) et de la chapelle du cimetière du Crêt de Roch, du Palais de Justice.

Petit Lexique

  • Stucateur : ouvrier ou artiste travaillant le stuc - enduit fait de plâtre qui imite le marbre.
  • Architecte voyer : personne qui surveille les travaux de construction et d'entretien, le pavage, les fontaines, l'éclairage, l'alignement des maisons, le curage des aqueducs et égouts, l'entretien des pompes à incendie, les promenades et plantations, etc...

Le projet et la construction de l'hôtel de ville
1807, 20 février
Le Conseil municipal de Saint-Etienne adopte un projet de construction de l'Hôtel de Ville. Deux lots de terrain sont achetés le long de la rue de Roanne.
1819
Un nouveau projet localise définitivement le futur bâtiment. Jean-Michel Dalgabio, l'architecte voyer de la ville, est chargé de l'élaboration des plans. Cette construction doit servir à de multiples usages : sous-préfecture, mairie, bibliothèque. Son architecture et son style doivent rester dépouillés : l'utilisation de matériaux locaux tel que le grès trop tendre et trop fragile pour permettre un décor sculpté développé ainsi que le goût des Stéphanois pour la simplicité et la rigueur justifient une ornementation esthétique austère.
1821, ordonnance royale du 11 avril
Qui autorise la construction de l'édifice, conformément aux plans déposés en janvier de la même année. L'entrepreneur Desjoyaux obtient l'adjudication des travaux le 12 juillet avec un devis de 368436,37 francs - le devis initial prévu par le Conseil des Bâtiments Civils était de 1317 000 francs.
1822, 25 août
Pose de la première pierre.
1828
Apparition des premiers problèmes, entre autres un fléchissement de la toiture.
1830, 1er mars
Installation des services du maire.
1830, juillet
Dalgabio suspend ses travaux à l'hôtel de ville, le bâtiment est terminé par les architectes CHARNAL et CREPU.

Et après... Sous le Second Empire, l'architecte BOISSON fait construire un dôme en remplacement du campanile prévu par Dalgabio. Ce dôme sera abattu après un incendie partiel qui donnera lieu à une expertise défavorable (vétusté).