Armoiries

Les armoiries de la ville de Saint-Etienne sont adoptées à la séance du 22 décembre 1961 du Conseil municipal. Elles sont définies de la façon suivante :

Description héraldique

D'azur à deux palmes d'or en sautoir cantonnées en chef d'une couronne royale fermée du même et de trois croisettes pierrées d'argent deux aux flancs, une en pointe.
L'écu français ancien timbré de la couronne murale à quatre tours crénelées d'or maçonnées et ouvertes de sable est soutenue par deux branches de chêne (à dextre) et de laurier (à senestre) toutes deux d'or fruitées d'argent, croisées en pointe en sautoir et liées par un noeud de gueule.

Symbolique de la composition 

Les palmes et les croix aux extrémités terminées par des pierrres symbolisent le supplice du diacre Saint Etienne, le premier martyr, qui fut lapidé à Jérusalem.
La couronne royale exprime le désir des bourgeois de Saint-Etienne d'échapper à la tutelle des seigneurs de Saint-Priest pour se placer sous l'autorité directe du Roi.

Ajoutons à cette définition celle, officielle, des bannières de la ville adoptée également :
Une croix très étroite blanche reprenant le motif des croisettes qui rappellent le martyre de Saint Etienne. Cette croix serait cantonnée par les couleurs alternées bleu et jaune, couleurs rappelant l'attachement des anciens Stéphanois à la cause royale qui leur permit de se libérer de la tutelle des seigneurs de Saint-Priest.

C'est le service des Archives qui a été chargé par M. le Maire, Alexandre de Fraissinette, de mener à bien la définition officielle des armoiries. M. Robert Louis, artiste héraldiste, dessinateur symboliste des Services Officiels, a apporté sa collaboration.

Les recherches ont été longues ... Lisez plutôt ! 

Le rapport présenté lors de la séance du Conseil municipal du 22 décembre 1961 indiquait que " depuis toujours, les armoiries de Saint-Etienne ont fait l'objet d'interprétations diverses, tant pour les couleurs que pour le dessin lui-même... " Il est donc nécessaire que cette définition soit fixée une fois pour toutes !

De fait, on ne sait pas quand la ville acquit ses propres armoiries. Les seigneurs de Saint-Priest dont elle dépendait et dont elle cherchait à s'émanciper portaient les armes suivantes : " Cinq points d'or équipolés à quatre d'azur. "

L'une des premières représentations connues des armoiries de la ville de Saint-Etienne au XVIème siècle est celle des seigneurs de Saint-Priest. Il s'agit d'un timbre sec apposé au verso d'une lettre des consuls de Saint-Etienne aux échevins de la ville de Lyon, datée du 5 mars 1589.

La ville eut ses propres armoiries au cours du XVIIème siècle. En 1667, en effet, la ville intenta un procès contre le Seigneur de Saint-Priest. L'arrêt stipula que les Armes de la ville seraient rétablies aux endroits où elles étaient posées auparavant et qu'il était défendu au seigneur de les faire abattre.

En 1696, lors de la rédaction de l'Armorial Général de la France, la ville reçut les Armes suivantes : " de sable à un chevron d'argent chargé d'une billette sinople. " Mais il ne semble pas qu'elle se soit beaucoup servie de ces armes, qui procédaient du modèle général (chevron) établi alors pour la région.

En 1813, le problème des armoiries de la ville se pose à nouveau. Napoléon ayant, en 1809, autorisé les villes à présenter des projets d'armoiries, la ville déclara vouloir des armes parlantes.

Le 27 septembre 1813, le Maire écrivant à Monsieur de Gerando, Conseiller d'Etat, rappelait que " autant qu'on a pu le reconnaître d'après des écussons assez informes, la ville de Saint-Etienne portait d'azur à deux palmes d'or en sautoir accompagnées d'une couronne royale du même en chef et de trois croix d'argent, une à dextre, une à senestre et la troisième en pointe. " Il proposait pour remplacer ces anciennes armoiries deux projets. Ces deux projets ne comportaient pas de couronne, la couronne ne pouvait être accordée à la ville que par l'Empereur.

Dans l'un de ces projets : " On ... a placé deux fusils d'or en sautoir comme pièces principales à cause de la Manufacture Impériale des Armes de Guerre, et on les a accompagnés des trois croix pour conserver cette partie des anciennes armoiries. Le lambel à quatre pendants est là pour représenter la fabrique de rubans selon l'opinion d'un auteur qui veut que lambel et ruban aient été synonymes. Dès lors qu'on plaçait les fusils en sautoir on ne pouvait pas mettre les palmes aussi en sautoir telles qu'elles l'étaient dans les anciennes armoiries ; cependant on tenait à les conserver. On a imaginé de les mettre en croissant brochant sur le tout et de les lier par un ruban de gueules. Si on les admettait ainsi peut-être paraîtrait-il inutile d'employer le lambel. "
Le Maire expliquait que ce projet avait déplu à l'ancien préfet Ducolombier, qui en avait un autre.

Dans le second projet " Les fusils sont adossés. On a substitué aux croix deux clefs posées à dextre et à senestre et une molette posée en pointe. On a conservé le lambel du premier projet et au lieu de mettre les palmes en croissant, on les a posées en sautoir comme dans les anciennes armoiries. "
Ce dernier projet avait été approuvé par le préfet, mais le Maire préférait le premier.

Le 15 octobre 1813, Monsieur de Gerando répondait que le projet autrefois approuvé par le préfet était le meilleur.

L'année suivante, le 26 septembre 1814, une ordonnance royale prescrivait aux villes de reprendre leurs anciennes armoiries. Pour des raisons financières, la question traîna jusqu'en 1817.

Dans sa séance du 5 mars 1817, le Conseil municipal rappelait que la ville avait des armoiries avant la Révolution. " Les échevins appliquaient sur les actes de leur administration un sceau empreint de ces armoiries. Ce sceau assez grossièrement exécuté a été conservé. Mais il n'en est pas de même des chartes patentes qui ont dû former le titre de concession de la ville (...). Ainsi l'administration ne peut fournir copie de titre et ne peut réclamer que la possession antérieure à la Révolution qu'on ne saurait lui contester. "

Si l'on avait à blasonner les anciennes armoiries de la ville d'après le sceau conservé, il serait assez difficile de les décrire exactement. Mais il parait d'après un écusson existant dans l'église de l'Hospice de Vieillards et Orphelins que la ville de Saint-Etienne " portoit d'azur à deux palmes d'or en sautoir accompagnées d'une couronne royale du même en chef et de trois croix d'argent une à dextre, une à semestre et la troisième en pointe. " Cet écu n'a ni support, ni tenant. Deux guirlandes l'entourent et il est surmonté par une couronne de marquis. Effectivement la terre de Saint-Etienne et Saint-Priest avait le titre de marquisat.

Le Conseil municipal demandait que l'on accordât à la ville " deux hommes armés pour tenants de l'écu " afin de bien marquer l'importance de sa manufacture d'armes.

Le 2 juillet 1817, le Secrétaire général du sceau écrivait que, vérification faite, la ville portait " de sable à un chevron d'argent, chargé d'une billette de sinople ", armes représentées dans l'Armorial général de Lyon (1696). Pour bénéficier des armes qu'elle avait demandées le 5 mars 1817, il faudrait qu'elle prouvât l'ancienne possession légale de ces armes. La ville obtint sans doute gain de cause, car à partir de 1836, on voit apparaître sur les budgets imprimés de la ville le blason aux palmes et aux croix.